Le système digestif est un monde à la fois mystérieux, fascinant, mais aussi quelque peu troublant. Les émanations de gaz communément appelés des pets peuvent parfois provoquer des situations gênantes. Mais pourquoi pète t-on et comment prévenir des flatulences gênantes ?

Il y a environ 2 ans, alors je tenais un blog Steem, j’ai réalisé une expérience avec notre fils ainé qui avait 6 ans à cette époque. Cette expérience portait sur la création d’un volcan et la réaction entre le bicarbonate de sodium et le vinaigre. En découvrant la production de gaz provoquée par l’addition des deux produits, il fît spontanément le lien avec… les pets de son père

Un commentaire naïf qui m’amena alors dans une grande réflexion sur l’origine de ce type de gaz. Mes notions de biologie étant un peu lointaine, c’est avec grand plaisir que je me suis replongée dans les profondeurs obscures du système digestif. 

Petit rappel sur le système digestif

Le processus de digestion commence avant même que nous n’ingérions des aliments : l’odeur ou la vue des aliments, tout comme la sensation de faim préparent l’organisme à la digestion par la sécrétion de salive et de sucs gastriques.

On parle de deux types de digestion: mécanique et chimique.

La digestion mécanique a lieu principalement au niveau de la bouche et de l’estomac : machâge, broyage, brassage et contractions permettent de fragmenter les aliments pour les réduire en une sorte de bouillie qui permettra aux autres acteurs de la digestion de mieux faire leur boulot…

La digestion chimique, quant à elle, se produit tout au long du parcours des aliments : la salive, l’acide chlorhydrique des sucs gastriques, la bile sécrétée par le foie… Les enzymes produites permettent aux aliments d’être dégradés dans leur forme la plus simple : les nutriments.

C’est sous cette forme qu’ils pourront ensuite être assimilés par l’organisme.

Le rôle très important du gros intestin

Saviez-vous que la flore intestinale représente environ 1.8 kg du poids d’une personne? Elle comprend en moyenne 10 000 milliards de bactéries regroupées en 400 espèces! Ça en fait du petit monde tout ça!

Il s’agit, non plus seulement d’une flore, mais littéralement d’un microbiote intestinal.

Mais à quoi diable servent-elles, ces bactéries?

Avec les technologies récentes, on a commencé à en apprendre beaucoup plus sur le microbiote intestinal et son rôle semble beaucoup important et complexe qu’on ne le croyait. Contrairement à l’idée générale, il ne sert pas uniquement à la digestion, mais aurait tout un rôle dans le développement du système immunitaire et du système nerveux.

Certaines études établissent même un lien entre un dysfonctionnement du microbiote et le développement de certaines maladies neuropsychiatriques! Intéressant certes… mais un peu éloigné de nos préoccupations gazeuses actuelles!

Mais qu'est-ce qui provoque les pets ?

Dans la dernière portion de l’intestin grêle et dans le gros intestin, tous les nutriments n’ont pas encore été absorbés et il reste encore beaucoup de choses utiles à l’organisme.

Les bactéries de la flore intestinale assurent alors la fermentation de certains résidus alimentaires qui ne se digèrent pas, tout en facilitant l’assimilation des nutriments grâce à tout un paquet d’enzymes que notre propre organisme ne possède pas. Elles participent aussi à la synthèse de certaines vitamines, permettent d’absorber des acides gras, du calcium, du magnésium, etc.

Pendant ce processus de fermentation, des gaz sont produits, notamment avec le traitement des hydrates de carbone et des protéines qui n’ont pas pu être assimilés dans l’estomac. Vous serez heureux d’apprendre que les gaz émis lors de cette étape de fermentation sont composés principalement de dioxyde de carbone (CO2), d’hydrogène (H2) et d’une petite portion de méthane (CH4)!

Et oui, péter, c’est rempli de gaz naturel, même si je doute qu’on puisse l’utiliser comme source d’énergie! De toute façon, avec sa moyenne de 0,5 à 2L de pet par jour (environ 12 à 25 pets), je doute qu’on puisse en tirer quoi que ce soit! Les vaches sont bien plus productives et polluantes avec en moyenne, en France, 26 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an!

Ok, c’est naturel, mais pourquoi ça pue ?

Lors de la fermentation de certains aliments, de petites quantités de sulfures et de mercaptans peuvent être produits : ce sont ces gaz qui donnent leur odeur caractéristique à certains pets. Plus les aliments ingérés sont riches en azote et en soufre, plus l’odeur sera forte.

Voici quelques aliments qui sont associés à une forte production de sulfures et de mercaptan:

  • Protéines animales telles que viandes et abats ;
  • Fruits de mer, poissons et oeufs (riches en acides aminés soufrés) ;
  • Certains légumes comme l’ail, l’échalote, les choux, les asperges… ;
  • Les fruits oléagineux (noisettes, noix, amandes…).

Bien sûr, chaque personne à une sensibilité personnelle à certains aliments… à chacun de faire ses propres investigations!

Voilà donc pour ce qui est du côté « odorant » de la question, passons maintenant à une note plus « sonore ».

Qu’est-ce qui produit le son des pets?​

Les gaz produits lors de la fermentation des aliments forment des bulles qui voyagent dans l’intestin jusqu’au sphincter servant de « porte de sortie », l’anus.

Lorsque les « bulles de gaz » passent la porte, elles font vibrer plus ou moins fort les muscles et la peau autour du sphincter, ce qui produit le son caractéristique des pets.

Ces bruits, rappelons le, peuvent se décliner dans des variations parfois assez « détonnantes », en fonction de la grosseur des bulles de gaz, de la fermeture du sphincter et de la vitesse du gaz propulsé.

Si quelqu’un peut me produire une formule mathématique là dessus, j’en serais vraiment enchantée!!!

Si les pets sont naturels, pourquoi s’affoler ?

Il y a des moments où ce ne sont plus les pets qui embêtent (rappelez-vous, on en évacue en moyenne entre 12 et 25/jour), mais la surproduction de gaz accompagnée de sensations désagréables : les ballonnements et les flatulences. Et là, ce n’est pas super joyeux comme situation.

Non seulement, on se fait regarder un peu bizarre par l’entourage, car on pète comme une vieille voiture asthmatique, mais en plus, ce n’est pas trop confortable d’avoir tout ce gaz coincé « dans le bedon ».

Quand ça devient récurrent ou problématique, forcément, on s’inquiète.

Mais pas de panique! Il y a tout pleins de raisons qui peuvent amener une surproduction de gaz. Voyons un peu quelques unes de ces causes…

Causes les plus communes conduisant à une surproduction de gaz intestinaux : les pets

On peut dire que bien souvent on a donné trop de boulot à notre sympathique microbiote ou du travail qui ne lui plait pas tellement.

Coupable n 1 : Débalancement du microbiote

En règle général, le microbiote reste assez stable chez une personne, en fonction de son propre type d’alimentation. Toutefois, sa composition peut être altérée lors de changement dans les habitudes alimentaires, de prise d’antibiotiques ou de maladie. Tous ces changement peuvent s’accompagner d’une surproduction de gaz et donc, des désagréments déjà évoqués.

Coupable n 2 : Les aliments eux-mêmes…

Nous en avons parlé juste avant: certains aliments riches en hydrate de carbone non-assimilable comme les sucres, les fibres et l’amidon ou encore ceux riches en azote (haricots, choux, autres féculents),  sont reconnus pour contribuer à une surproduction de gaz et/ou à une production du sulfures.

Coupable n 3 : Les mauvaises habitudes alimentaires

On se fait dire depuis notre enfance qu’il faut prendre le temps de manger et de bien mastiquer, « qu’engloutir » son repas est mauvais pour la santé. Il y a de nombreuses raisons pour cela et l’une de ces raisons concerne notre sujet du jour.

Les aliments insuffisamment broyés lors de la digestion mécanique demande plus de travail une fois arrivés vers le colon. C’est ce qui arrive aux personnes qui ont l’habitude de manger trop vite ou ayant une mauvaise dentition.

Manger trop rapidement peut aussi entrainer de l’aérophagie, qui consiste à avaler de l’air en mangeant.

Si, en plus, la personne s’allonge après le repas, l’air ingurgité ne peut plus ressortir par le haut (éructation) et devra donc… sortir par le bas! En ayant occasionné quelques gênes au passage, notamment en dilatant les intestins et en donnant cette désagréable sensation de ballonnement.

Coupable n 4 : Le déficit en lactase

Il arrive aussi que certaines personnes présentent un déficit en lactase, une enzyme permettant la digestion et l’assimilation du lactose, un sucre présent dans le lait.

Dès que ces personnes consomment du lait ou autres produits laitiers, une fermentation intestinale importante survient, entrainant des ballonnements, des flatulences, voir même des diarrhées.

Si ce trouble est habituellement génétique, un phénomène semblable peut être observé suite à une banale gastroentérite : les cellules produisant la lactase sont endommagées et celle déjà présente dans l’intestin a été comme « lavée ». Il n’y en a donc plus pour aider la digestion du lactose…

Coupable n 5 : Les problèmes de constipation

Lorsque les selles passent plus de temps dans l’intestin, elles ont d’avantage le temps de fermenter et donc, de produire plus de gaz.

Quelques astuces pour que ça passe mieux ?

Même si ces inconvénients peuvent être très désagréables, il existe de nombreuses astuces pour favoriser une meilleure digestion et par conséquent, diminuer les ballonnements et les flatulences. En voici quelques unes:

  • Prendre le temps de bien mastiquer et manger lentement;
  • Evitez les repas trop copieux, trop gras, trop sucrés;
  • Evitez les boissons gazeuses et la bière après le repas : préférez des tisanes de camomille, menthe ou fenouil plutôt que le café et le thé.
  • Faire une promenade après le repas pour faciliter la digestion (15 minutes);
  • Si certains aliments sont plus problématiques que d’autre (chou, légumineuses…), revoyez quelques astuces de cuisine permettant une meilleure digestion (blanchir les choux, changer de mode de cuisson des légumineuses…);
  • Prévenir la constipation en mangeant d’avantage de fibres.

Et si le problème persiste, vous avez maintenant deux options:

  • Etre fiers de vos pets et organiser des concours où vous serez sûr de ressortir gagnants (attention toutefois: évitez les fameux brulages de pets. Comme nous l’avons vu, oui, il y a des gaz inflammables et cela peut être TRES dangereux!)
  • Ou en discuter avec votre médecin qui tentera de comprendre la cause et pourra vous indiquer les meilleures options pour vous…

Bons gaz à tous!

 

Lire la suite : Le microbiote intestinal : une métropole dans nos entrailles

Références

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